L’intelligence collective d’un réseau
La fourmi est un animal qui doit sa survie aux liens sociaux qu’elle a su créer pour se développer et se défendre.
Petite, peu armée individuellement pour résister à ses nombreux prédateurs, elle a su développer des mécanismes collectifs étonnants pour assurer la survie de son espèce et de ses colonies.
Un réseau de franchise, c’est une somme de petites entreprises indépendantes, individuellement fragiles, mais plus robustes grâce au collectif.
Lorsqu’on observe le fonctionnement des réseaux de franchise, on distingue 3 stades de maturité de l’intelligence collective d’un réseau.
Ces 3 stades forcent l’analogie avec de nombreux mécanismes sociaux développés par les colonies de fourmis. Ils peuvent inspirer dirigeants et manager de réseaux.
Stade 1 : Des mécanismes de management pour protéger les intérêts du Franchiseur
Ils sont généralement mis oeuvre dès la création d’un réseau et présents dans une grande majorité de réseaux, conscients que la pérennité de l’enseigne passe par la pérennité de son initiateur, le franchiseur.
Sauvegarder les intérêts de l’enseigne, c’est : Contrôler le respect du savoir-faire, contrôler le respect de l’image de marque…
C’est se protéger des dérives, des comportements opportunistes d’un ou plusieurs adhérents. Par le contrôle et le cas échéant la mise en quarantaine voir l’expulsion.
A l’image des fourmis qui peuvent en arriver à expulser un membre de leur colonie pour protéger la colonie (de la contamination…), la majorité des réseaux ont su mettre en oeuvre une architecture juridique, économique, managériale protectrice des intérêts de l’enseigne.
Stade 2 : Des mécanismes pour protéger les franchisés
Dans un environnement concurrentiel instable et changeant, ces mécanismes deviendront essentiels à la performance, mais ils sont malheureusement encore trop peu présents dans les réseaux.
Protéger ses franchisés, c’est savoir intervenir pour soigner, aller au secours des blessés (à l’image des fourmis). C’est accompagner à développer, à céder, transmettre…
Dans la plupart des réseaux, l’animation est encore trop souvent pensée avant-tout pour préserver le concept et les intérêts de l’enseigne. Elle est insuffisamment pensée comme une structure de développement, de mentoring, de coaching des franchisés.
Stade 3 : Des mécanismes de co-responsabilité
Rare sont les réseaux qui arrivent à ce stade de maturité.
Pourtant, c’est dans ces réseaux que les liens de confiance, qui sont une des clefs de performance durable d’un réseau, sont les plus forts.
Il s’agit de réseaux qui développent des mécanismes responsabilisant les franchisés à l’égard des autres franchisés. Ce sont des réseaux où l’intéret général prédomine.
Cellules d’aide des franchisés en difficulté, fonds de soutien, parainnage, comité des sages, cellules R&D… Animés par des franchisés, dans l’intérêt des autres franchisés.
Ces mécanismes de co-responsabilisation forgent un véritable ciment social au sein d’un réseau. Ils font prendre conscience aux individualités qu’elles font partie d’un tout, d’un écosystème dont elles sont co-responsables.
Comment faire évoluer le management de son réseau ?
Comme le souligne un excellent article de Jean-Paul Fritz sur les mécanismes sociaux des colonies de fourmis, dans les périodes de guerre, ou face à des prédateurs, le comportement de secouristes des fourmis « est à terme payant pour la colonie : sans l’aide de leurs camarades, 80% des fourmis succombent à leurs blessures. Si elles sont secourues, traitées, seulement 10% périssent ».
A l’heure où la concurrence s’exacerbe et peut potentiellement émerger de partout, les réseaux de franchise ont tout intérêt à interroger leur capacité à développer l’intelligence collective comme moyen de défense du réseau.
Sylvain Bartolomeu
Dirigeant Associé – Franchise Management